Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/247

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Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Bischwiller. — Les écoles mêmes de Bischwiller sont loin d’avoir acquis le degré de force auquel devrait les conduire le talent de quelques-uns de leurs instituteurs. Enfermés tout le jour dans les fabriques, obligés souvent d’y passer une partie de la nuit, la plupart des enfants ne peuvent les fréquenter avec assiduité. Cet inconvénient n’est pas le seul ; ils ne donnent à leurs parents qu’une partie de leur salaire. Le reste, laissé à leur disposition, est dépensé dans les cabarets et les brasseries où ces malheureux enfants prennent l’habitude de passer le dimanche et les soirées dont ils peuvent disposer. Ce n’est pas en de pareils lieux qu’ils peuvent puiser le goût de l’application et de l’étude. Aussi, un grand nombre apporte-t-il à l’école une dissipation qui, dans l’école réformée surtout, m’a semblé contagieuse. Les ministres et les instituteurs de tous les cultes, se sont unanimement plaints du peu de docilité qu’ils trouvent dans les enfants, du peu d’ascendant qu’ils exercent sur eux. Le remède au mal que je viens de signaler, serait la création d’une école de nuit et des dimanches. Un appel à la philanthropie des fabricants serait sans doute entendu. Au moyen d’un abonnement, qui ne s’élèverait jamais à une somme bien considérable, ils obtiendraient pour les jeunes ouvriers une fréquentation gratuite, qu’ils rendraient obligatoire. La population des fabriques deviendrait économe et prévoyante, et nos manufacturiers feraient tomber l’accusation, trop méritée peut-être par quelques-uns, d’abuser sans pitié de la jeunesse et de l’enfance, en leur imposant un travail au-dessus de leurs forces.

Ariège ; arr. de Foix, cant. de Tarascon. — En descendant de la haute montagne vers les vallées inférieures, on est étonné d’y trouver autant d’ignorance, quelquefois plus d’ignorance même que dans des communes moins heureusement situées. C’est que dans ces lieux, les communes n’ont rien, ou bien peu de chose ; et que les populations doivent tirer leurs ressources d’un sol resserré, et souvent dévasté par les orages, ou du produit de leurs bestiaux, qui sont l’objet de leurs soins constants et assidus.

Aude ; arr. de Limoux, cant. de Couïza. — Rien de plus misérable que quelques parties du sud-est de ce canton ; Les communes y sont situées entre des rochers et des montagnes déboisées ; et l’étendue de quelques-unes n’est que l’étendue de la nudité. Le peu de fonds de bon rapport y est entre les mains de deux ou trois propriétaires, tandis que le reste de la population, moins quelques journaliers, souffre tous les