Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/253

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paysans de ce canton sont ignorants, mais ils vont souvent dans les communes voisines, ils entendent parler des progrès que font les enfants dans certaines écoles bien tenues ; alors, rentrés chez eux, ils se plaignent au maire, n’en sont pas écoutés, et retirent leurs enfants qu’ils envoient à la garde des troupeaux.

Gironde ; arr. de Bordeaux, cant. d’Audenge, de la Teste et de Belin. — Ces trois cantons sont dans la partie des landes qui forme environ la moitié du département de la Gironde ; il y a peu de pays qui opposent à l’instruction primaire plus de difficultés que les landes. Cependant, si l’on considère seulement le nombre des enfants qui suivent les écoles, on trouve, dans ces trois cantons, des résultats plus avantageux que ne le faisait espérer la nature du pays, mais il est facile de les expliquer : Les trois communes du canton de Teste, et quatre communes sur six du canton d’Audenge, sont répandues au tour du vaste bassin d’Arcachon. Ce bassin, qui fournit presque tout le poisson des marchés de Bordeaux, répand l’aisance sur tous ses bords.

La pêche, les marais salants, les bains de mer très-fréquentés des Bordelais, les communications ouvertes par la route départementale de la Teste, à travers les communes de Biganos, du Teich et de Gujan, éveillent l’industrie, augmentent les ressources, mettent ce peuple en contact habituel avec les habitants d’une grande ville, et donnent à la fois le besoin de l’instruction et le moyen de la répandre dans les familles. Les employés des douanes, classe plus éclairée, qui forment une partie de la population de plusieurs communes, ne manquent pas d’envoyer leurs enfants aux écoles, et en attirent peut-être quelques autres par leur exemple.

Hautes-Alpes. — Dans la partie haute du département, l’hiver est long et rigoureux ; trois ou quatre pieds de neige en couvrent le sol pendant cinq mois de l’année. Forcé au repos, l’actif Briançonnais ne consume pas ce temps dans une indolente oisiveté ; tous sont occupés ; les enfants vont à l’école, les vieillards se livrent à des travaux manuels, et les hommes forts et robustes abandonnent leurs foyers, et vont exercer leur activité dans les départements méridionaux de la France. L’hiver fini, ils regagnent les Alpes, et, en même temps qu’ils apportent, de leur émigration, un petit pécule, fruit de leur sobriété et de leur industrie, ils acquièrent de l’usage, des formes, de petites connaissances qu’ils s’empressent de communiquer à leurs compatriotes.

Corrèze ; arr. de Tulle, cant. de Servières. — La plus grande partie des habitants de ce canton émigrent et rentrent chez eux après