Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/299

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moitié de ses élèves ne le paie pas ; quand, après avoir long-temps attendu, il réclame ce qui lui est dû, les parents invoquent contre lui la prescription (Voir aussi 219, Landes).

Hérault ; arr. de Montpellier, cant. de Ganges. — J’ai vu, dans l’école de M. N***, l’inscription suivante : « Vous voulez acquérir la science, en bien ! payez le mois d’avance. »

Ardennes ; arr. de Rocroy, cant. de Rumigny. — L’état des instituteurs a été, jusqu’à présent, extrêmement précaire et vraiment malheureux. La plupart des communes n’ayant pas de revenu, le traitement de l’instituteur-chantre était formé par une cotisation en blé, connue dans le pays sous le nom de mariage. Chaque famille, pauvre ou riche, devait à l’instituteur la même quantité de blé. Il en résultait que l’instituteur ne pouvait réellement toucher qu’une partie de son traitement, parce que les familles pauvres ne pouvaient pas fournir leur part. Il en est même quelques-uns qui m’ont assuré, et cela m’a été confirmé par les maires, qu’ils n’avaient presque rien touché pendant plusieurs années. Les rétributions mensuelles ont été aussi mal payées. Aussi, ces instituteurs ont-ils accepté comme un bienfait le faible traitement de 200 francs qui leur est assuré par la loi.

Manche ; arr. de Valognes, cant. de Barneville. — Il y a dans la commune de Val-de-Scie, un instituteur sans traitement, auquel la commune fournit seulement une mauvaise classe. Il reçoit les enfants des deux sexes. Mais il n’a ni brevet, ni autorisation ; il ne paraît guère capable d’en obtenir. Il est payé surtout par les cadeaux que lui font les parents, qui, dit-il, ne sont pas ingrats. Il va même prendre ses repas, tantôt dans une maison, tantôt dans une autre, etc.

Ariège ; arr. de Foix, cant. d’Ax et des Cabannes. — Il y a peu d’instituteurs dans les cantons d’Ax et des Cabannes ; et peu d’entre eux sont capables ; mais, en général, ils ont du zèle, et ils font faire des progrès relativement. Leurs peines ne sont jamais récompensées.

La première et la plus puissante cause de la médiocrité des instituteurs doit être attribuée au peu de considération dont ils jouissent, et au dénûment absolu de ressources, auquel ils sont impitoyablement abandonnés. L’hiver, ils réunissent un certain nombre d’élèves, et, quoique ce soit à un très-bas prix, ils devraient espérer de trouver dans leur travail une existence, au moins supportable ; bien loin de là, ils ne reçoivent rien, ou presque rien. Quelques paniers de pommes de