Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/347

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de la seule chose qu’elle enseigne, la lecture, que les leçons pour les jeunes gens qui viennent ensuite à la ville, sont un empêchement plutôt qu’un secours pour apprendre à bien lire.

En quelques autres lieux, j’ai trouvé, au lieu de la béate, un vieillard honnête et patient, il est vrai, et même zélé autant qu’on peut l’être à cet âge, mais toujours plus ou moins ignorant. De plus, quand j’ai vu plus clairement, à côté de l’état des choses, la réunion des causes auxquelles il est dû, j’ai senti se joindre au dégoût que m’inspirait le présent, une sorte de découragement pour l’avenir.

Haute-Loire ; arr. de Le Puy. — L’état de l’instruction primaire des garçons est vraiment déplorable dans les huit cantons de Solignac, Pradelles, Le Monastrer, Caïres, Saugues, Loudes, Allègre et Saint Paullien, tandis que celui de l’instruction des filles est florissant. Au contraire, dans chaque petite ville ou village, un peu considérable, on trouve des couvents de sœurs de Saint-Joseph, qui donnent l’instruction aux filles ; et dans chaque petit village ou hameau un peu grand, on trouve des institutrices nommées béates ou roubiaques ; ce sont de pieuses et assez ignorantes filles, qui apprennent à faire la dentelle, à lire et quelquefois à écrire aux jeunes personnes du sexe, et presque toujours le catéchisme et la prière aux enfants des deux sexes, moyennant une très-petite rétribution mensuelle. Ces béates fabriquent de la dentelle, vivent de peu, ne coûtent rien, donnent aux enfants des deux sexes les premières notions de leur religion ; cela suffit aux ecclésiastiques et par conséquent aux parents, qui sont, sous ce rapport, entièrement sous leur dépendance.

Lozère ; arr. de Marvejols. — Il est certain que les institutrices rendent de grands services au département de la Lozère ; mais les bonnes institutrices sont en bien petit nombre.

Manche ; arr. d’Avranches, cant. de Pontorson, de Saint-James et de Ducey. — La principale cause de l’absence d’instituteurs, est partout la préférence généralement accordée, je dirais presque due, d’après l’opinion générale, à des institutrices qui, dans presque toutes les communes, font l’école aux enfants des deux sexes. Ces institutrices doivent en partie cet ascendant à ce que, toutes, elles ont été formées pour cette fin dans une sorte d’école normale fondée pour cet objet dans la ville d’Avranches depuis de longues années. Leur instruction, leur moralité et leur piété, jointes à leurs succès et aux services qu’elles rendent aux malades, semblent une garantie qui leur concilie partout bienveillance et protection.

Que l’on ajoute à cela que ces institutrices, vouées au célibat dans l’ordre religieux auquel elles appartiennent, ont peu de besoins et coûtent peu aux communes.