Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/35

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« Vous feriez bien mieux, monsieur, de nous apporter de l’argent pour nos chemins, pour réparer notre maison commune, pour… etc. Quant aux écoles, nous nous en soucions peu. » À défaut d’autre hospitalité, nous avions espéré du moins bon visage, et, au lieu de cela, reçu comme un commis des droits réunis qui vient visiter les bouteilles du débitant, il nous fallut, le cœur navré, traverser, à l’entrée de la nuit, un gué assez difficile, pour aller, presque à tâtons, chercher un gîte en dehors du malheureux département que nous avions à visiter.

Eh bien ! en y songeant depuis, j’ai vu que ce brave homme c’était le peuple des campagnes en personne. J’ai lu toutes les tribulations de mes collégues, et elles ont un peu allégé le souvenir des miennes. La forme de l’apathie générale n’est même pas très-variée, et toutes les bonnes raisons alléguées çà et là, au nord comme au midi, se réduisent en dernière analyse à ces axiomes : nos enfants seront ce qu’ont été nos pères (52). Le soleil se lève également pour l’ignorant et pour le savant (53). Mais, si la dépense vous effraie, vous n’aurez rien à débourser, familles indigentes, et vous aurez le double avantage de donner à vos enfants une éducation meilleure, sans bourse délier. — Nous ne voulons, répondent ils, d’instruction à aucun prix (54). — Mais nous vous fournirons même les livres (55). — Pas davantage (56). — Mais j’accorderai des secours à ceux d’entre vous qui seraient malades, si vous voulez me promettre d’envoyer vos enfants à l’école (57). — Nenni. — Mais on vous paiera. « Foin de l’instruction, nous avons mangé du pain sans savoir lire et écrire, nos enfants feront de même. Voyez un tel qui sait lire : il est pourtant moins riche que nous qui ne savons pas (58).


2o Négligence ou mauvaise volonté des conseils municipaux, des comités, et des notables.


Comment ne tiendraient-ils pas ce langage ? Quand l’esprit