Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/369

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Doubs ; arr. de Besancon. — On éprouve presque partout une grande résistance de la part des parents pour l’achat des livres qu’on leur demande. Leurs pères ont lu dans tels livres, ils n’en ont pas besoin d’autres, et ils n’en veulent point de nouveaux pour leurs enfants.

Haute-Loire ; arr. et cant. d’Issengeaux. — Les parents donnent à leurs enfants de vieux livres qui, sans être mauvais, ne laissent dans leur esprit aucune trace de morale, souvent même on en voit qui sont écrits en vieille orthographe. Chaque écolier, d’ailleurs, en apporte un différent. Voilà ce qui conserve les vieilles routines, la méthode individuelle, et présente une barrière aux progrès.

Loir-et-Cher ; arr. de Vendôme. — Rarement les livres sont uniformes ; beaucoup de parents fournissent ceux qu’ils possèdent ; ce sont d’anciennes éditions qui ne sont plus en rapport avec les nouvelles, souvent aussi ce sont des livres peu convenables à l’âge des enfants.

Loir-et-Cher ; arr. de Vendôme. — Le Psautier, la Vie de Jésus, la Doctrine chrétienne, la Civilité et les contrats sont généralement les livres mis entre les mains des enfants. Ces ouvrages ne paraissent pas, aux yeux des instituteurs instruits, pouvoir servir beaucoup au développement de l’intelligence des enfants.

Manche ; arr. de Saint-Lô. — Après l’abécédaire, on fait lire les enfants dans deux petits abrégés de psautier, connus sous les noms de Petites et Grandes Matines. Ces livres doivent être supprimés, puisqu’on les fait lire ensuite dans le psautier lui-même.

Les enfants passent encore beaucoup de temps à apprendre à lire dans la Civilité gothique et dans les vieux contrats. La civilité devrait être supprimée et les vieux manuscrits remplacés par des manuscrits nouveaux.

Haute-Marne ; arr. de Chaumont. — Dans presque toutes les écoles on suit l’enseignement simultané, mais cet enseignement n’est souvent qu’individuel, faute de livres uniformes ; les parents se refusent souvent à procurer à leurs enfants les livres exigés par l’instituteur, ou leur en donnent d’une autre espèce. J’ai vu un élève qui lisait dans un volume dépareillé de l’histoire ecclésiastique de Fleury, et un autre dans la Vie des Saints, dont l’orthographe était celle du XVIIe siècle.

Somme ; arr. d’Abbeville, cant. d’Ault. — Dans la plupart des communes, les instituteurs sont à la merci des habitants qui leur refusent du pain ou de l’argent, sous les prétextes les plus ridicules comme les plus injustes, par exemple, lorsque les instituteurs refusent de faire lire des enfants dans de vieux livres qui ont servi à leurs aïeux, livres que n’ont pas leurs voisins de classe, et qui obligent, par conséquent, le maître de suivre l’enseignement individuel.