Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mécanisme des trois premières règles, sans pouvoir donner aucune raison théorique de leurs opérations (200). L’orthographe leur était inconnue (201) ; le système légal des poids et mesures ne peut encore parvenir à s’établir, par la faute des maîtres (202) : enfin, telle était l’ignorance stupide de quelques-uns d’entre eux, que l’inspecteur ayant demandé dans une école, si l’on y enseignait la grammaire française, l’instituteur triomphant prit entre les mains d’un enfant hébété, pour la remettre à M. l’inspecteur, une grammaire… latine ; et je ne sais s’il est encore bien convaincu de son erreur aujourd’hui, car, il y a pourtant, disait-il, plus de français que de latin dans cette grammaire (203).

Aussi un cri général s’élevait, et l’on demandait de toutes parts une révision des brevets du troisième degré, ou bien, il faudrait renoncer à mettre la loi en vigueur (204). Un principe généreux, adopté déjà dans de plus hautes fonctions, fut appliqué de même aux instituteurs, et leur sauva le nouvel examen dont ils étaient menacés. J’étais alors persuadé (205), je le suis encore aujourd’hui que la mesure qui fut prise à leur égard n’était pas commandée par une justice rigoureuse ; que les communes au contraire avaient le droit de se plaindre de ce que, par une semblable décision, on leur imposait à la fois la nécessité de faire des sacrifices considérables, et de les faire au profit d’un ignorant qu’elles n’auraient pas choisi, si elles avaient su s’engager pour l’avenir. Je sais que, si l’on avait pris le parti de réviser alors les brevets, et d’exclure de l’enseignement tous ceux qui n’auraient pu faire preuve de la capacité requise, presque toutes les écoles de France auraient été fermées ipso facto, et que ce n’était pas là le but de la loi. Mais peut-être eût-il fallu déclarer en effet que les brevets de troisième degré acquis avant 1833 ne seraient valables qu’à titre provisoire, et fixer l’épo-