Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/269

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Un chapeau de soie luisant et moiré au milieu des couvre-chefs époilés et hirsutes des indigènes me signale un Parisien égare dans cet enterrement de pauvre. Je reconnais de Saunis, un ami de club de Jacques, que j’avais cru déjà croiser en arrivant à la gare.

Je l’aborde et nous nous serrons la main.

— Vous avez quitté Paris exprès pour la cérémonie ?

— Oui, je suis ainsi, persifle-t-il du fond de ses fourrures, je ne me dérange jamais pour un mariage, toujours pour un enterrement. (Puis après une pause) Ça dure moins longtemps. Ce pauvre Armenjean, il a donc cassé sa pipe… pas plus de trente-trois ans, n’est-ce pas. De quoi donc est-il mort ?… Anémie n’est-ce pas, usé par la vie, par des noces et puis l’ether, ce terrible éther, un joli vice que lui a donné là Suzanne !

Et mon fanfaron de vice prenant une contre-allée, s’esquive, le dos rond, sous la neige et s’en va, tout ravi d’avoir gâté le bon mouvement qui l’a amené ici par une sotte restriction du boulevard : mais quelques pardessus marchaient der-