Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la campagne, en dehors de la ville, et quand on les rencontrait durant les longues et chaudes journées d’août et parfois même assez tard dans l’arrière-saison, par ces clairs et mélancoliques ciels d’octobre, qui sont le charme de la Normandie, c’était toujours dans les vallées, à l’entrée de quelque sentier sous bois, à la lisière de quelque futaie reculée et solitaire.

La petite fille, on la rencontrait encore, promenée, sur les quais et le long des bâtiments du port, à la main de son père ; mais lady Mordaunt, elle, jamais ne dépassait l’emplacement de l’Abbaye, appuyant ses assises au cœur même de la ville : on aurait dit qu’elle craignait la mer et tout ce qui pouvait venir de la mer !

C’est une femme qui se cache : le mot était encore de la Saint-Énoch, naturellement.

C’est vis-à-vis de la femme qui se cachait que je surpris par deux fois ma mère (et pourtant ma mère était bonne) en flagrant délit de cette espèce d’arrogance hostile et soupçonneuse qui était l’esprit même des femmes de la ville.

La première fois ce fut à l’église, à l’Abbaye, où