Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/292

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jeudi ; pelure Mme Arnheim, rencontrée tout à l’heure ; pelure, les deux de Rause et la vieille Armadzi, où tu dîneras demain, la pelure des pelures.

Quant aux mâles de ces femelles, ce n’est plus la chasse a l’homme, mais la chasse aux louis qu’on fait chez ces messieurs. En dehors des curieux ou des friands d’alcôve égares là sur la piste de quelque jolie créature, poètes ratés, journalistes de basse besogne, reporters louches, peintres gommeux, pianistes incompris, cabotins sans emplois, secrétaires de vieilles dames, décavés de l’empire, gentilshommes de contre-marque, profils de loups cerviers, moustaches fauves, cheveux en bandeaux plaqués, jolis garçons trop parfumés, policiers russes, écrivains slaves, comtes florentins et princes Valaques, voilà la menue monnaie de ce monde, où toutes les pièces sont fausses, les cartes biseautées, les consciences et la chair à vendre. Sans le sou, jouisseurs, élégants, paresseux, assoiffés de paraître, le matin ils vernissent au pinceau les escarpins du soir, dinent dans leur cinquième d’un petit pain et d’un bol de lait