Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/136

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tures et d’audace, d’un de ces hardis compagnons, moitié Lorrains, moitié Allemands, que les Guise amenèrent à la Cour des Valois et qu’on est tout surpris de retrouver, dans les chroniques du temps, nonchalamment accoudés, une dague à la main, un bilboquet dans l’autre, sous les plafonds à caissons fleurdelisés du Louvre, le sourire aiguisé par la corruption de l’époque, dangereux affinés devenus Italiens dans les intrigues florentines d’un Henri III et d’une Catherine.

Presque vis-à-vis moi un plâtre, une grande figure de femme nue au sourire équivoque hanchait, à demi penchée vers un petit miroir qu’elle tenait à la main. Ses cheveux en ondes, traversés de fils de perles, étaient bien ceux d’une Mme de Sauve ou de quelqu’une de ces demoiselles d’honneur perverties et pervertissantes à la solde de madame Catherine pour fondre l’énergie et délier les serments des partisans du Béarnais ou du Lorrain ennemis du roi. Si la théorie des avatars est vraie, c’est dans quelque couloir tendu de tapisseries des châteaux de Blois ou d’Amboise que Ringel avait dû rencontrer jadis cette insidieuse et souriante créature. Elle sentait le