Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/257

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consentie de ces petits doigts froids, pour le don de ces lèvres acceptant de l’aimer…

Aussi, malgré son presque million de dot, la main de Mlle Marthe Hérard, la nièce du gros Meyrand, Robber et Cie n’est-elle pas encore, sinon demandée, accordée.

Mais là-bas, au fond du parc, monte comme un ardent effluve : une odeur d’amour et de terre échauffée. Ce sont, dépoitraillés, la chemise trempée sur la chair suante, une troupe de faucheurs qui traversent le parc. Harassés et joyeux, ils passent juste au pied de la terrasse, et leurs cheveux poussiéreux, leurs moustaches trop blondes se détachent en clair sur leurs faces hâlées.

Au bois chante un oiseau,
Son chant vous arrête
Et vous fait rougir !

Au bois est un cadran, fillette,
Qui sonne l’heure du désir !
Il est au bois des fondrières
Et des chevreuils dans les clairières !

Il est une chapelle au bois
Où le prêtre va quelquefois
Mais c’est plus rare !

Il est au bois dans le hallier
Des saltimbanques en costume
Qui font des gestes dans la brume