Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près de la Neuf-Terre. Le voulez-vous ? » Et comme je lui objectais les rencontres possibles d’une famille restée là-bas et la jalousie probable de son entreteneur : « Mes frères, » faisait-elle en secouant doucement la tête « pas de danger, je n’ai plus personne là-bas, et puis, qui est-ce qui me reconnaîtrait ? Il y a dix ans que j’ai quitté Valmont, quant à l’autre ! et avec un joli geste d’insouciance à l’intention de son amant, « l’autre, j’en fais mon affaire. »


Saint-Phaland-en-Caux, le 31 Août. — Et j’ai fait le périlleux voyage, j’ai maintenant la curiosité de la souffrance et des larmes. C’est l’autre, la disparue qui m’a donné cette triste et cruelle sensualité ; j’ai voulu voir comment se comporterait l’âme paysanne de la jolie entretenue, qu’est miss Holly, aux prises avec les souvenirs d’enfance et du pays.

Il n’y a pas à dire, miss Holly a été charmante… Pour dérouter tout soupçon, je suis parti d’avance, j’ai pris par Honfleur ; elle s’est embarquée tout simplement à la Jetée-Promenade et nous nous sommes retrouvés à la gare du Havre, comme par le plus grand des hasards.