Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soulevée sous ce ciel bas et balayé de vent, et la fuite effarée de ces nuages !

Ils reposent.

Pourquoi certains êtres ne peuvent-ils aimer qu’une fois, tandis que tant d’autres !… et, tout remué par l’idée de cette souveraine injustice, voilà que je me prends, au milieu de ce petit cimetière en larmes, à songer malgré moi à mes adieux à miss Holly que je n’ai pas voulu accompagner à Dieppe et que j’ai quittée l’avant-veille.

J’ai là sur moi une lettre d’elle, une lettre reçue le matin même, une pauvre et naïve lettre de petite fille dont je n’ai pu m’empêcher de sourire en la lisant :

« Mon cher ami,

« Je suis arrivée hier soir à Dieppe, encore toute pleine des émotions que j’ai éprouvées en visitant mon pays. Je ne sais vraiment comment vous remercier des bontés que vous avez eues pour moi, je me rappellerai toute ma vie ce voyage et surtout cet admirable bois de Franqueville que nous avons parcouru ensemble. C’est vous qui avez eu cette idée de me conduire dans cet endroit. Savez-vous que j’aimerais beaucoup demeurer toujours avec vous