Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/87

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il n’y a personne qui hésite à te reconnaître. À la façon dont tu verras le service se faire, tu apprendras les manières de la cour. »

Pwyll se rendit à la cour. Il y aperçut des chambres à coucher, des salles, des appartements avec les décorations les plus belles qu’on pût voir dans une maison. Aussitôt qu’il entra dans la salle, des écuyers et de jeunes valets accoururent pour le désarmer. Chacun d’eux le saluait en arrivant. Deux chevaliers vinrent le débarrasser de son habit de chasse et le revêtir d’un habit d’or de paile[1]. La salle fut préparée ; il vit entrer la famille, la suite, la troupe la plus belle et la mieux équipée qui se fût jamais vue, et avec eux la reine, la plus belle femme du monde, vêtue d’un habit d’or de paile lustrée. Après s’être lavés, ils se mirent à table : la reine d’un côté de Pwyll, le comte, à ce qu’il supposait, de l’autre. Il commença à causer avec la reine et il jugea, à sa conversation, que c’était bien la femme la plus avisée, au caractère et au langage le plus nobles, qu’il eût jamais vue. Ils eurent à souhaits mets, boissons, musique, compotation ; c’était bien de toutes les cours qu’il avait vues au monde, la mieux pourvue de nourriture, de boissons, de vaisselle d’or et de bijoux royaux. Lorsque le moment du sommeil fut arrivé, la reine et lui allè-

  1. Paile, drap de soie brochée, appelé souvent pane alexandrin, parce que c’est Alexandrie qui en était le dépôt, en usage surtout aux XIe et XIIe siècles (V. Quicherat, Hist. du costume, p. 153). La forme palis apparaît dans la Passion ; pali dans le Lai du Fresne.