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solennelle à la Sublime Porte, ont décidé à l’unanimité de repousser les propositions de l’Europe sous lesquelles ils voyaient passer la griffe de la sainte Russie. Et des adresses de félicitations arrivent de tous les coins de l’empire aux hommes qui ont pris cette résolution désespérée.

L’enthousiasme national était grand dans cette assemblée où l’on vit pour la première fois cette chose insolite : des chrétiens siégeant à côté de musulmans ; des prélats arméniens, à côté des derviches et du cheik-ul-islam ; où l’on entendit pour la première fois sortir de bouches mahométanes cette parole inouïe : « Nos frères chrétiens. »

Un grand esprit de fraternité et d’union rapprochait alors les différentes communions religieuses de l’empire ottoman, en face d’un péril commun, et le prélat arménien-catholique prononça dans cette assemblée cet étrange discours guerrier :


« Effendis !

» Les cendres de nos pères à tous reposent depuis cinq siècles dans cette terre de la patrie. Le premier de tous nos devoirs est de défendre ce sol