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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/14

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Et, l’un après l’autre, amenés par la curiosité, les laboureurs des champs voisins entrent, le burnous ruisselant, font cercle avec nous autour du feu ; bientôt une buée de vapeur monte de nos vêtements à tous et se mêle à l’âcre fumée. Il fait presque nuit, dans ce gîte sans fenêtre, qui ne prend jour que par la porte. Et ce sont les paysans actuels de la Judée, ces hommes à turban qui nous entourent : envahisseurs séculaires, comme les Bédouins leurs frères nomades ; envahisseurs mystérieux, venus, semblerait-il, pour exécuter contre ce pays la menace des prophéties bibliques, pour lentement dépeupler, lentement détruire, répandre d’étranges torpeurs sur ces campagnes et maintenir à jamais l’immobilité des ruines. Il donna aussi le nom de Béthel c’est-à-dire maison de Dieu, à la ville qui auparavant s’appelait Luza. 
(Genèse, XXVIII, 10.) On était relativement bien là, autour de ce feu, et, en se chauffant, on s’engourdissait, devant les flammes dansantes, dans une sorte de sommeil. Cependant, il faut repartir, puisque nous avons tant fait que de nous mettre en route. A la porte, nos pauvres chevaux mouillés nous attendent. Et, quand nous sommes en selle, nous regardons,