Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/53

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gèle, par ces froids de décembre, jamais bien sérieux au Japon, il est vrai, mais attristants à subir, entre des parois de papier, loin du clair soleil qui rayonne dehors, et sans autre feu qu’une braise dans un minuscule réchaud.

Et puis mademoiselle Pluie-d’Avril n’en finit plus à sa toilette. On court la prévenir dès que j’arrive, mais il faut chaque fois compter une heure avant qu’elle paraisse, une heure à s’ennuyer devant la dînette posée par terre, et à échanger de niais propos avec deux ou trois servantes prosternées.

Quand il entre enfin, mon petit chat habillé, c’est toujours la surprise d’atours nouveaux, d’un dessin extravagant et d’un coloris chimérique. Du fond de la grande salle un peu en pénombre, elle s’avance éclatante, avec une majesté de marionnette ; elle est presque une petite naine, mais surtout elle est une petite fée ; et le corps, négligeable par lui-même, se noie dans les plis de la robe, qui est garnie en bas d’un bourrelet très dur, pour que la traîne s’étale de tous côtés pompeusement. Ce qui fait surtout l’invraisemblance du personnage,