Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/63

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pas savoir, comme ça tout de suite, au sortir du sommeil… La lumière, que machinalement j’ai fait jaillir, la lumière électrique, me montre un étroit réduit tendu de peluche rouge, et rempli de camélias rouges ; de longues branches, presque des buissons de camélias, dans des vases de bronze. Et des déesses en robes d’or, au visage très doux, sont là assises près de moi, les yeux baissés, — comme dans les temples de la Ville Interdite[1], où elles habitèrent trois fois cent ans…

Ah ! oui… Ma chambre à bord du Redoutable… Je reviens de Chine, et je suis au Japon…

On frappe à ma porte, discrètement : l’un après l’autre, quatre ou cinq matelots, qui viennent de se lever, entrent pour me souhaiter la bonne année et le bon siècle, avec des petits compliments naïfs. C’est donc bien aujourd’hui le commencement du xxe. Je m’étais figuré le commencer l’an dernier, pendant la nuit du 1er janvier 1900, sur la lagune indienne, alors qu’une barque du Maharajah de Travancore

  1. La Ville Interdite, ville impériale, au cœur de Pékin.