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MADAME CHRYSANTHÈME

à porter jaquette ; d’autres, se contentant d’ajouter à la robe nationale un chapeau melon d’où s’échappent les longues mèches de leurs cheveux plats. Partout de l’empressement, des affaires, des marchandages, des bibelots, — des rires…

Dans les bazars, nos mousmés font chaque soir beaucoup d’achats ; comme aux enfants gâtés, tout leur fait envie, les jouets, les épingles, les ceintures, les fleurs. — Et puis, l’une à l’autre, elles se présentent des cadeaux, gentiment, avec des sourires de petites filles. Campanule, par exemple, choisit pour Chrysanthème une lanterne ingénieusement imaginée, dans laquelle des ombres chinoises, mises en mouvement par un mécanisme invisible, dansent une ronde perpétuelle autour de la flamme. Chrysanthème, en échange, donne à Campanule un éventail magique dont les peintures représentent à volonté des papillons voltigeant sur des fleurs de cerisier, ou des monstres d’outre-tombe se poursuivant parmi des nuages noirs. Touki offre à Sikou un masque en carton représentant la figure bouffie de Daï-Cok, dieu de la richesse ; Sikou riposte par une longue trompette de cristal, au moyen de laquelle on arrive à