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MADAME CHRYSANTÈME

vingt sur de longues glissières, pour clore complètement l’espèce de halle ouverte que nous habitons. En général, c’est Chrysanthème qui se charge de ce soin de ménagère, peinant beaucoup, se pinçant les doigts souvent, et très malhabile avec ses mains trop petites qui n’ont jamais travaillé de leur vie.

Après, vient sa toilette de nuit. Avec une certaine grâce, elle laisse tomber la robe du jour pour en mettre une plus simple, en toile bleue, qui a les mêmes manches pagodes, la même forme, moins la traîne, et qu’elle s’attache aux reins par une ceinture en mousseline de couleur assortie.

La haute coiffure reste intacte, cela va sans dire, sauf les épingles, qui sont dépiquées et couchent près de nous dans une boîte en laque.

Il y a la petite pipe d’argent, ensuite, qu’il faut fumer avant de s’endormir : c’est une des choses qui m’impatientent, mais qui doivent être subies.

Chrysanthème, comme une gipsy, s’accroupit devant certaine boîte carrée, en bois rouge, qui contient un petit pot à tabac, un petit fourneau de porcelaine avec des charbons toujours allumés, — et enfin un petit vase en bambou pour déposer la cendre et cracher la salive. (En bas, la boîte à