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MADAME CHRYSANTÈME

marchande nommée madame Très-Propre[1], dont nous sommes les pratiques assidues. — C’est inouï la consommation que nous en faisons, de ces lanternes en papier, dont les peintures représentent invariablement des papillons de nuit ou des chauves-souris. — Au plafond de la boutique, il y en a des quantités énormes qui pendent par grappes, et la vieille, nous voyant venir, monte sur une table pour les attraper. — Le gris ou le rouge sont nos couleurs habituelles ; madame Très-Propre sait cela et néglige les lanternes vertes ou bleues. Mais il est toujours très difficile d’en décrocher une, — à cause des bâtonnets par où on les tient, des ficelles par où on les attache, qui s’enchevêtrent ensemble. Par des gestes outrés, madame Très-Propre exprime combien elle est désolée d’abuser ainsi de nos honorables moments : oh ! si cela ne dépendait que d’elle-même !… mais voilà, ces choses emmêlées n’ont aucune considération pour la dignité des personnes. Avec mille singeries, elle croit même devoir leur faire des menaces et leur montrer le poing, à ces ficelles indébrouillables qui

  1. En japonais O Seï-San.