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MADAME CHRYSANTÈME

À un moment donné, la vieille se retourne, présente de côté son nez camus pour accepter un bol de riz qu’on lui offre ; alors, sur l’écran, on voit le profil du loup s’allonger, avec ses deux oreilles droites, son museau, ses babines, ses dents, sa langue qui sort. L’orchestre, en sourdine, grince, gémit, tremblote — puis éclate en cris funèbres comme un concert de hiboux ; c’est qu’à présent la vieille mange, et l’ombre du loup mange aussi, remue ses mâchoires, grignote une autre ombre… très reconnaissable : un bras de petit enfant.


Nous allons voir ensuite la grande salamandre du Japon, — une bête rare en ce pays et inconnue ailleurs sur la terre, grosse masse froide, lente et endormie, qui semble un essai antédiluvien, resté par oubli dans les eaux intérieures de ces archipels.

Après, l’éléphant savant, dont nos mousmés ont peur ; puis les équilibristes, la ménagerie…

Il est une heure du matin quand nous sommes de retour chez nous, à Diou-djen-dji.

D’abord, nous couchons Yves dans sa petite chambre en papier, qu’il a déjà habitée une nuit.