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MADAME CHRYSANTÈME

me fâcher, — cependant j’en porterai demain une marque bleue, c’est bien certain.

Voyons, il faut nous lever pour prêter secours à Yves, qui ne peut pas continuer à tambouriner de cette manière. Allons regarder, avec une lanterne, ce qu’il a, ce qui lui arrive.

Ce sont bien les moustiques en effet. Ils volent en nuage autour de lui, tous ceux de la maison et tous ceux des jardins, assemblés et bourdonnants. Chrysanthème indignée en brûle plusieurs à la flamme de sa lanterne, m’en montre d’autres : « Hou ! » partout posés, sur le papier blanc du mur.

Lui dort toujours, après la fatigue de la journée, mais d’un sommeil agité, cela se comprend. Et Chrysanthème le secoue, pour l’emmener auprès de nous, sous notre moustiquaire bleue.

Il se laisse faire, après quelques cérémonies, se lève, comme un grand enfant mal éveillé, pour nous suivre, — et moi je ne trouve rien à redire, en somme, à ce couchage à trois : c’est si peu un lit, ce que nous partagerons là, et nous y dormirons tout habillés, comme toujours, suivant l’usage nippon. En voyage, en chemin de fer, est-ce que les