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MADAME CHRYSANTHÈME

savon. Les piliers de bois qui soutiennent la charpente sont variés avec la plus spirituelle fantaisie : les uns ont des formes géométriques d’une précision parfaite ; les autres se tordent artificiellement comme de vieux troncs d’arbres enlacés de lianes. Il y a partout des petites cachettes, des petites niches, des petits placards, dissimulés de la manière la plus ingénieuse et la plus inattendue sous l’uniformité immaculée des panneaux de papier blanc.

Je souris en moi-même au souvenir de certains salons dits japonais encombrés de bibelots et tendus de grossières broderies d’or sur satin d’exportation, que j’ai vus chez les belles Parisiennes. Je leur conseille, à ces personnes, de venir regarder comment sont ici les maisons des gens de goût, — de venir visiter les solitudes blanches des palais de Yeddo. — En France, on a des objets d’art pour en jouir ; ici, pour les enfermer, bien étiquetés, dans une sorte d’appartement mystérieux, souterrain, grillé en fer, qu’on appelle godoun. En de rares occasions seulement, pour faire honneur à quelque visiteur de distinction, on ouvre ce lieu impénétrable. — Une propreté minutieuse, excessive ; des