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MADAME CHRYSANTHÈME

véranda ouverte, le grand ciel lumineux du soir où planaient des cerfs-volants étranges, et il me semblait que je vibrais douloureusement à ce bruit cadencé des cigales qui remplissait l’air.

Elle, accroupie près de moi, essayait de me guérir par un procédé japonais, en m’appuyant de toutes ses forces ses petits pouces sur les tempes et en les faisant tourner, comme pour les y enfoncer par un mouvement de vrille. Elle était devenue toute rouge à ce travail fatigant qui me causait un réel bien-être, quelque chose comme une griserie douce d’opium.

Ensuite, inquiète, pensant que j’allais peut-être avoir la fièvre, elle voulut me faire manger, roulée en boulette entre ses doigts, une efficace prière, écrite sur papier de riz, qu’elle conservait précieusement dans la doublure d’une de ses manches…

Eh bien, j’ai avalé cette prière sans rire, pour ne pas la blesser, pour ne pas ébranler sa petite croyance drôle…