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MADAME CHRYSANTHÈME

promenade élégante. Justement nous étions en troupe nombreuse, ayant avec nous plusieurs mousmés invitées, et, dès que cela commence à tomber du ciel sans préambule, comme d’un arrosoir renversé, il en résulte une immédiate débandade. Elles se sauvent, les mousmés, avec des petits cris d’oiseau, se réfugient dans des portes, chez des marchandes, sous des capotes de djins.

Puis bientôt, quand les boutiques se sont fermées en hâte, quand la rue est vide, inondée, presque noire ; les lanternes de papier, détrempées, piteuses, éteintes, — je me retrouve, je ne sais comment, plaqué contre un mur, sous la saillie d’un toit, dans la seule compagnie de mademoiselle Fraise, ma cousine, qui pleure à cause de sa belle robe mouillée. Et cette ville me paraît tout à coup d’une tristesse lugubre, au bruit de la pluie qui tombe toujours, éclaboussant tout, au bruit des gouttières qui font, dans l’obscurité, des petits murmures plaintifs de ruisseaux.


Très vite finie, l’ondée. Alors les mousmés sortent de leurs trous, comme des souris, se cherchent, se hèlent, et leurs petites voix ont ces