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MADAME CHRYSANTÈME

prenant successivement toutes les poses de la consternation croissante. Qu’est-ce donc qu’elle a, cette vieille dame, et pourquoi s’approche-t-elle de moi ainsi, jusqu’à gêner mes mouvements quand je me retourne ??…

C’est inouï ce qu’il me reste à faire, ce dernier jour, de courses en djin chez des marchands de bibelots, des fournisseurs, des emballeurs.

Pourtant, avant qu’on dérange mon appartement, je veux prendre le temps de le dessiner… comme jadis, à Stamboul… Il semble vraiment que tout ce que je fais ici soit l’amère dérision de ce que j’avais fait là-bas…

Mais cette fois, ce n’est pas que j’y tienne, à ce logis ; c’est seulement parce qu’il est gentil et étrange ; le dessin en sera curieux à conserver.

Donc, je cherche une feuille d’album et je commence tout de suite, assis par terre, appuyé sur mon pupitre à sauterelles en relief, — tandis que, derrière moi, les trois femmes, bien près, bien près, suivent les mouvements de mon crayon avec une attention étonnée. Jamais elles n’avaient vu dessiner d’après nature, l’art japonais étant tout de convention, et ma manière les ravit. Peut-être