Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
MADAME CHRYSANTHÈME

pression qu’on éprouve ici, d’être dans un faubourg bien lointain, perché à une grande hauteur parmi les arbres, au-dessus de la plus drôle de toutes les villes. Non, tout cela ne se dessine pas, ne s’exprime pas, demeure intraduisible et insaisissable.

… Nos invitations étant faites, nous donnerons ce soir notre thé quand même. Un thé d’adieu, alors, pour lequel nous déploierons le plus de pompe possible. Cela rentre dans ma manière, du reste, de clore mes existences exotiques par une fête ; dans des pays divers, j’ai déjà fait ainsi.

Nous aurons nos habituées, plus ma belle-mère, mes parentes, et enfin tous les mousmés du quartier. Mais, par un raffinement de japonerie, nous n’admettrons cette fois aucun ami européen, — pas même celui d’une inconcevable hauteur. — Yves seulement, et encore on le dissimulera dans un coin, derrière des fleurs et des objets d’art.


Au dernier crépuscule, aux premières étoiles, ces dames arrivent, avec des révérences adorables. Et bientôt notre maisonnette est pleine de petites femmes accroupies, dont les yeux bridés sourient