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MADAME CHRYSANTHÈME

lancoliquement, à ce marché qui se conclut derrière moi.


La nuit est venue, la nuit close ; il a fallu allumer les lampes.

Il est dix heures quand tout est réglé, fini, quand M. Kangourou vient me dire :

— C’est entendu, Missieu ! ses parents vous la donnent pour vingt piastres par mois, — au même prix que mademoiselle Jasmin…

Alors l’ennui me prend pour tout de bon de m’être décidé si vite, de m’être lié, même passagèrement, à cette petite créature, et d’habiter avec elle cette case isolée…

Nous rentrons ; elle est au milieu du cercle, assise ; on lui a mis un piquet de fleurs dans les cheveux. Vraiment son regard a une expression, elle a presque un air de penser, celle-ci…

Yves s’étonne de son maintien modeste, de ses petites mines timides de jeune fille que l’on marie ; il n’imaginait rien de pareil pour un tel mariage ; moi non plus, je l’avoue.

— Oh ! mais, c’est qu’elle est très gentille, dit-il, très gentille, frère, vous pouvez me croire !