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MADAME CHRYSANTHÈME

en granit également, d’une forme rade et primitive. En vérité ces escaliers et ces portiques des temples sont les seules choses un peu grandioses que ce peuple ait imaginées ; elles étonnent, on ne les dirait pas japonaises.

Nous grimpons encore. À cette heure chaude, du haut en bas de ces immenses marches grises, il n’y a que nous trois ; sur tout ce granit, il n’y a que les papillons roses de l’ombrelle de Chrysanthème qui jettent une couleur un peu gaie, un peu éclatante.

Nous traversons la première cour du temple, dans laquelle sont deux tourelles de porcelaine blanche, des lanternes de bronze et un grand cheval de jade. Puis, sans nous arrêter au sanctuaire, nous tournons à main gauche, pour entrer dans un jardin ombreux, qui forme terrasse à mi-montagne et au fond duquel se trouve la Donko-Tchaya, — en français : la maison de thé des Crapauds.

C’est là que nous conduisait Chrysanthème. Nous prenons place à une table, sous une tente de toile noire ornée de grandes lettres blanches (aspect funéraire), — et deux mousmés très rieuses s’empressent à nous servir.