Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/107

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les gens qui sont très préoccupés par le but de leur voyage s’amusent toujours plus que les autres aux mille détails de la route.

Le petit village était loin derrière elle maintenant, et, à mesure qu’elle s’avançait sur ce dernier promontoire de la terre bretonne, les arbres se faisaient plus rares autour d’elle, la campagne plus triste.

Le terrain était ondulé, rocheux, et, de toutes les hauteurs, on voyait la grande mer. Plus d’arbres du tout à présent ; rien que la lande rase, aux ajoncs verts, et, çà et là, les divins crucifiés découpant sur le ciel leurs grands bras en croix, donnant à tout ce pays l’air d’un immense lieu de justice.

À un carrefour, gardé par un de ces christs énormes, elle hésita entre deux chemins qui fuyaient entre des talus d’épines.

Une petite fille qui arrivait se trouva à point pour la tirer d’embarras :

— Bonjour, mademoiselle Gaud !

C’était une petite Gaos, une petite sœur d’Yann. Après l’avoir embrassée, elle lui demanda si ses parents étaient à la maison.

— Papa et maman, oui. Il n’y a que mon frère Yann, dit la petite sans aucune malice, qui est allé