Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/111

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n’en avait pas voulu, de ce vieux marin. Du reste, plusieurs des parents d’Yann devaient dormir dans cet enclos, c’était naturel, et elle aurait dû s’y attendre ; pourtant ce nom lu sur cette tombe lui faisait une impression pénible.

Afin de perdre un moment de plus, elle entra dire une prière sous ce porche antique, tout petit, usé, badigeonné de chaux blanche. Mais là elle s’arrêta, avec un plus fort serrement de cœur.

Gaos ! encore ce nom, gravé sur une des plaques funéraires comme on en met pour garder le souvenir de ceux qui meurent au large.

Elle se mit à lire cette inscription :

En mémoire de
gaos, jean-louis,
âgé de 24 ans, matelot à bord de la Marguerite,
disparu en Islande, le 3 août 1877,
Qu’il repose en paix !

L’Islande, — toujours l’Islande ! — Partout, à cette entrée de chapelle, étaient clouées d’autres plaques de bois, avec des noms de marins morts. C’était le coin des naufragés de Pors-Even, et elle regretta d’y être venue, prise d’un pressentiment noir. À Paimpol, dans l’église, elle avait vu des