Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/123

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cette jeune fille ne refuserait pas leur beau Yann. Mais ils ne tentèrent point d’insister, sachant combien ce serait inutile. Sa mère surtout baissa la tête et ne dit plus mot ; elle respectait les volontés de ce fils, de cet aîné qui avait presque rang de chef de famille : bien qu’il fût toujours très doux et très tendre avec elle, soumis plus qu’un enfant pour les petites choses de la vie, il était depuis longtemps son maître absolu pour les grandes, échappant à toute pression avec une indépendance tranquillement farouche.

Il ne veillait jamais tard, ayant l’habitude, comme les autres pêcheurs, de se lever avant le jour. Et après souper, dès huit heures, ayant jeté un dernier coup d’œil de satisfaction à ses casiers de Loguivy, à ses filets neufs, il commença de se déshabiller, l’esprit en apparence fort calme ; puis il monta se coucher, dans le lit à rideaux de perse rose qu’il partageait avec Laumec son petit frère.