Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/149

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au métier de la mer, ou crainte d’un refus… si tous ces obstacles indiqués par Sylvestre étaient les seuls, ils pourraient bien tomber, qui sait ! après un entretien franc comme serait le leur. Et alors, peut-être, reparaîtrait son beau sourire qui arrangerait tout, — ce même sourire qui l’avait tant surprise et charmée l’hiver d’avant, pendant une certaine nuit de bal passée tout entière à valser entre ses bras. Et cet espoir lui rendait du courage, l’emplissait d’une impatience presque douce.

De loin, tout paraît toujours si facile, si simple à dire et à faire.

Et, précisément, cette visite d’Yann tombait à une heure choisie : elle était sûre que son père, en ce moment assis à fumer, ne se dérangerait pas pour le reconduire ; donc, dans le corridor où il n’y aurait personne, elle pourrait avoir enfin son explication avec lui.

Mais voici qu’à présent, le moment venu, cette hardiesse lui semblait extrême. L’idée seulement de le rencontrer, de le voir face à face au pied de ces marches la faisait trembler. Son cœur battait à se rompre… Et dire que, d’un moment à l’autre, cette porte en bas allait s’ouvrir, — avec le petit