Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/203

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venait de nulle part. Cela bruissait comme par habitude, rendant une plainte sans but. C’était gris, d’un gris trouble qui fuyait sous le regard. — La mer pendant son repos mystérieux et son sommeil, se dissimulait sous les teintes discrètes qui n’ont pas de nom.

Il y avait en haut des nuées diffuses ; elles avaient pris des formes quelconques, parce que les choses ne peuvent guère n’en pas avoir dans l’obscurité, elles se confondaient presque pour n’être qu’un grand voile.

Mais, en un point de ce ciel, très bas, près des eaux elles faisaient une sorte de marbrure plus distincte, bien que très lointaine ; un dessin mou, comme tracé par une main distraite ; combinaison de hasard, non destinée à être vue, et fugitive, prête à mourir. — Et cela seul, dans tout cet ensemble, paraissait signifier quelque chose ; on eût dit que la pensée mélancolique, insaisissable, de tout ce néant, était inscrite là ; — et les yeux finissaient par s’y fixer, sans le vouloir.

Lui, Yann, à mesure que ses prunelles mobiles s’habituaient à l’obscurité du dehors, il regardait de plus en plus cette marbrure unique du ciel ; elle