Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/217

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était tout à fait amorti ; il avait été si faible même, que vraiment il semblait que cet autre navire n’eût pas de masse et qu’il fût une chose molle, presque sans poids…

Alors, le saisissement passé, les hommes se mirent à rire ; ils se reconnaissaient entre eux :

— Ohé ! de la Marie.

— Eh ! Gaos, Laumec, Guermeur !

L’apparition, c’était la Reine-Berthe, capitaine Larvoër, aussi de Paimpol ; ces matelots étaient des villages d’alentour ; ce grand-là, tout en barbe noire, montrant ses dents dans son rire, c’était Kerjégou, un de Ploudaniel ; et les autres venaient de Plounès ou de Plounérin.

— Aussi, pourquoi ne sonniez-vous pas de votre trompe, bande de sauvages ? demandait Larvoër de la Reine-Berthe.

— Eh bien, et vous donc, bande de pirates et d’écumeurs, mauvais poison de la mer ?…

— Oh ! nous… c’est différent ; ça nous est défendu de faire du bruit. (Il avait répondu cela avec un air de sous-entendre quelque mystère noir ; avec un sourire drôle, qui, par la suite, revint souvent