Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

petit assemblage de planches qui portait Yann et Sylvestre, le monde changeant du dehors avait pris un aspect de recueillement immense ; il s’était arrangé en sanctuaire, et les gerbes de rayons, qui entraient par les traînées de cette voûte de temple, s’allongeaient en reflets sur l’eau immobile comme sur un parvis de marbre. Et puis, peu à peu, on vit s’éclairer très loin une autre chimère : une sorte de découpure rosée très haute, qui était un promontoire de la sombre Islande…

Les noces de Yann avec la mer !… Sylvestre y repensait, tout en continuant de pêcher sans plus oser rien dire. Il s’était senti triste en entendant le sacrement du mariage ainsi tourné en moquerie par son grand frère ; et puis surtout, cela lui avait fait peur, car il était superstitieux.

Depuis si longtemps il y songeait, à ces noces de Yann ! Il avait rêvé qu’elles se feraient avec Gaud Mével, — une blonde de Paimpol, — et que, lui, aurait la joie de voir cette fête avant de partir pour le service, avant cet exil de cinq années, au retour incertain, dont l’approche inévitable commençait à lui serrer le cœur…

Quatre heures du matin. Les autres, qui étaient