Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/295

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Et, en se signant, il commença pour ce mort la prière latine :

Pater noster, qui es in cœlis, sanctificetur nomen tuum

Un silence d’église s’était maintenant propagé jusqu’en bas, aux tablées joyeuses des petits. Tous ceux qui étaient dans cette maison répétaient en esprit les mêmes mots éternels.

— Ceci est pour Yves et Jean Gaos, mes frères, perdus dans la mer d’Islande… Ceci est pour Pierre Gaos, mon fils, naufragé à bord de la Zélie

Puis, quand tous ces Gaos eurent chacun leur prière, il se tourna vers la grand’mère Yvonne :

— Ceci, dit-il, est pour Sylvestre Moan.

Et il en récita une autre encore. Alors Yann pleura.

— … Sed libera nos a malo. Amen.

Les chansons commencèrent après. Des chansons apprises au service, sur le gaillard d’avant, où il y a, comme on sait, beaucoup de beaux chanteurs :

Un noble corps, pas moins, que celui des zouaves,
Mais chez nous les braves
Narguent le destin,
Hurrah ! Hurrah ! vive le vrai marin !