Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dais, un peu forban, enrichi par des entreprises audacieuses sur mer.

Cette belle chambre où la lettre venait de s’écrire était la sienne : un lit tout neuf à la mode des villes avec des rideaux en mousseline, une dentelle au bord ; et, sur les épaisses murailles, un papier de couleur claire atténuant les irrégularités du granit. Au plafond, une couche de chaux blanche recouvrait des solives énormes qui révélaient l’ancienneté du logis ; – c’était une vraie maison de bourgeois aisés, et les fenêtres donnaient sur cette vieille place grise de Paimpol où se tiennent les marchés et les pardons.

— C’est fini, grand’mère Yvonne ? Vous n’avez plus rien à lui dire ?

— Non, ma fille, ajoute seulement, je te prie, le bonjour de ma part au fils Gaos.

Le fils Gaos !… autrement dit Yann… Elle était devenue très rouge, la belle jeune fille fière, en écrivant ce nom-là.

Dès que ce fut ajouté au bas de la page d’une écriture courue, elle se leva en détournant la tête, comme pour regarder dehors quelque chose de très intéressant sur la place.