Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/42

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pour tout à fait au pays de ces pêcheurs, par un caprice de son père, qui avait voulu finir là son existence et habiter comme un bourgeois sur cette place de Paimpol.


La bonne vieille grand’mère, pauvre et proprette, s’en alla en remerciant, dès que la lettre fut relue et l’enveloppe fermée. Elle demeurait assez loin, à l’entrée du pays de Ploubazlanec, dans un hameau de la côte, encore dans cette même chaumière où elle était née, où elle avait eu ses fils et ses petits-fils.

En traversant la ville, elle répondait à beaucoup de monde qui lui disait bonsoir : elle était une des anciennes du pays, débris d’une famille vaillante et estimée.

Par des miracles d’ordre et de soins, elle arrivait à paraître à peu près bien mise, avec de pauvres robes raccommodées, qui ne tenaient plus. Toujours ce petit châle brun de Paimpolaise, qui était sa tenue d’habillé et sur lequel retombaient depuis une soixantaine d’années les cornets de mousseline de ses grandes coiffes : son propre châle de mariage, jadis bleu, reteint pour les noces de son