Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/62

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jusqu’à la fin des danses, ils s’étaient mis à se parler d’une façon différente, à voix plus basse et plus douce…

On dansait à la vielle, au violon, les mêmes couples presque toujours ensemble. Quand lui venait la reprendre, après avoir par convenance dansé avec quelque autre, ils échangeaient un sourire d’amis qui se retrouvent et continuaient leur conversation d’avant qui était très intime. Naïvement, Yann racontait sa vie de pêcheur, ses fatigues, ses salaires, les difficultés d’autrefois chez ses parents, quand il avait fallu élever les quatorze petits Gaos dont il était le frère aîné. — À présent ils étaient tirés de la peine, surtout à cause d’une épave que leur père avait rencontrée en Manche, et dont la vente leur avait rapporté dix mille francs, part faite à l’État ; cela avait permis de construire un premier étage au-dessus de leur maison, — laquelle était à la pointe du pays de Ploubazlanec, tout au bout des terres, au hameau de Pors-Even, dominant la Manche, avec une vue très belle.

— C’était dur, disait-il, ce métier d’Islande : partir comme ça dès le mois de février, pour un tel