Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/98

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Ils n´avaient pas peur, ayant la notion exacte de ce qui est maniable, ayant confiance dans la solidité de leur bateau, dans la force de leurs bras. Et aussi dans la protection de cette Vierge de faïence qui, depuis quarante années de voyages en Islande, avait dansé tant de fois cette mauvaise danse-là toujours souriante entre ses bouquets de fausses fleurs…

Jean-François de Nantes ;
     Jean-François,
     Jean-François !

En général, on ne voyait pas loin autour de soi ; à quelques centaines de mètres, tout paraissait finir en espèces d’épouvantes vagues, en crêtes blêmes qui se hérissaient, fermant la vue. On se croyait toujours au milieu d’une scène restreinte, bien que perpétuellement changeante ; et, d’ailleurs, les choses étaient noyées dans cette sorte de fumée d’eau, qui fuyait en nuage, avec une extrême vitesse, sur toute la surface de la mer.

Mais, de temps à autre, une éclaircie se faisait vers le nord-ouest d’où une saute de vent pouvait venir : alors une lueur frisante arrivait de l’horizon ; un reflet traînant, faisant paraître plus sombre le