Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/114

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vers la gauche, peu importe. Parfois, par une singularité dont je ne connais pas d’autre exemple, les mots se suivent de gauche à droite et les lettres de chaque mot vont en sens inverse.

Mais bien qu’admirablement conçues pour empêcher la découverte du chiffre, toutes ces complexités s’évanouissent dès que le chiffre est trouvé. On arrive sans peine à lire cette cryptographie à livre ouvert, et à la dicter plus vite que le copiste ne peut l’écrire. Pour l’initié ce ne sont pas des manuscrits difficiles.

III. Ce qu’ils contiennent.

Sur la 1re page on lit en hiéroglyphes :

« Histoire des Femmes que j’ai connues. »

Legrand a vingt ans (1835) lorsqu’il invente son chiffre et commence ses manuscrits. Il en a 50 (1865) à la fin du dernier volume.

Après avoir eu avec une jeune fille de Beauvais, une aventure amoureuse qui fait le sujet du tome Ier, H.-L. arrive à Paris, avec une modeste pension de 1800 francs par an pour faire ses études d’architecte, et il y reste dix ans, de 1835 à 1844.

Là, il joue, non les Casanova, mais les Balzac. Ce qu’il apprend surtout, c’est l’art de dîner en ville et de dépenser le peu qu’il touche, en habits, chapeaux, gants et hottes. Peu d’aventures, mais durables ; et, heureusement pour nous, très intéressantes.