Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/121

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ceaux historiques d’un intérêt capital. Parmi les fragments déchiffrés jusqu’ici, on peut citer une scène dramatique entre Louis-Philippe et la duchesse d’Orléans accusant son beau-frère Nemours de ne briguer contre elle la régence future que pour détrôner le comte de Paris avant sa majorité. — « Tragédie pour tragédie », répond le roi, « j’aime mieux que mon petit-fils soit détrôné par Nemours que par une Convention ».

Pour donner quelque idée de l’intimité dans laquelle Mlle de X… était reçue à la Cour, elle va jusqu’à partager le lit de la princesse Clémentine, son amie d’enfance. Elle reçoit des étrennes de toute la famille royale et elle lui en fait. Un premier de l’an, elle offre à la duchesse de Nemours un poignard oriental damasquiné d’or. Le duc, un peu surpris par ce cadeau belliqueux, demande en souriant :

« Est-ce pour me tuer ?

— Oui, Monseigneur, si jamais vous devenez infidèle à une aussi charmante femme. »

La duchesse jette ses bras au cou de son mari et répond à la jeune fille :

« Il ne le sera PLUS ». Le duc lui rend son baiser.

Scène touchante qui n’eut pas de lendemain. Quelques jours plus tard, Mlle de X… note malicieusement qu’on vient de découvrir, aux Tuileries, le duc de Nemours dans une armoire avec une dame qui n’était pas la duchesse. Mais le poignard