Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/124

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dont on se demande pourquoi ils s’attaquent d’abord à la poésie, qui risque si peu de troubler leurs songes.

Entre le Jardin de Plaisance et le parnasse de 1520 il n’y a pas tant de différences ; il y a même, pour certains, quelque identité.

Le jeune homme dont Vérard imprima, l’an 1500, ce premier vers de rondeau[1] :


Amours, c’est le cry de la nuict.

a trouvé l’un des plus beaux « cris » que l’amour ait fait entendre. Et jusqu’ici, nous ne savons pas son nom. Mais c’est peut-être l’un de ceux qui « moururent après 1500 » et que l’on condamne en bloc sans autre forme de critique.

Antoine du Saix fut donc élevé à cette école, selon les principes d’une poésie concise et achevée qui haïssait le développement et ne croyait pas que la perfection fût humainement réalisable en dehors des petits sujets.

Il s’en écarta tout d’abord, en écrivant au courant de la plume son Esperon de Discipline ; mais il revint à la règle avec son meilleur ouvrage, et comme la modestie lui était venue en même temps que l’expérience, il prit simplement pour titre : Petitz fatras d’ung apprentis[2].

  1. Le Jardin de Plaisance. éd. Vérard, f° cxvi ; éd. Arnoullet, f° lxxvii ve.
  2. Décrit d’après un exemplaire en marocain de Koehler provenant de la vente Cailhava. — Haut. : 226. Larg.: 143. —