pondants qui fouillaient pour lui les bibliothèques de province, mais qui recevaient de sa main des instructions préalables.
Mercier venait de lui faire tenir une certaine Vie de Saint-Martin que La Vallière accepte volontiers, bien qu’elle ne soit, dit-il, ni un mystère ni une pièce en vers. Il n’est pas difficile de retrouver ce livre dans le catalogue de 1783.
C’est le fameux incunable qui passa longtemps pour le premier livre imprimé à Tours (BRUNET, V, 1194) avant qu’on eût découvert le Breviarium de Simon Pourcelet.
Mais La Vallière donnerait plusieurs Vies de saint Martin pour un texte en vers sur le même sujet ; et malgré sa prédilection pour la littérature « gothique », il étend son amour de la poésie à toutes les époques.
« Vous me demandez, dit-il, à quel temps je borne ma collection des poètes ? À aucun. Je recueille également ceux de 1757 et ceux de 1480. »
Il faisait bien ; car si les poètes de 1480 n’ont jamais cessé d’être recherchés depuis deux cents ans, on n’en saurait dire autant de ceux qui chantaient Sylvie en 1757.
Rien n’a été détruit avec plus d’acharnement et rien n’est devenu plus rare que certains poètes non illustrés du XVIIIe siècle. Si l’exemplaire La Vallière n’était pas à l’Arsenal, quelques-uns d’entre eux, déjà, auraient péri pour toujours.