Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/210

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Ici la mode est, cet hiver,
Chez les sirènes de Calabre
De se peindre les seins en vert,
Ma chère, et la queue en cinabre.

On les voit dresser vers le ciel
(Ô mon œil, combien tu t’allumes !)
Un chapal artificiel
Du grand magasin « Fleurs et Plumes ».

Chantant des choses, et nageant
Avec un petit air loufoque
Elles mendient un peu d’argent,
Dans une bourse en cuir de phoque.

« C’est, » me disent-elles tout bas,
Avec des algues aux babines,
« C’est pour livrer les bons combats
À la licence des cabines. »

« Depuis le beau jour où passa
Ta nef en route vers la jungle,
Mon vieux nous n’avons pas fait ça ! »
Et leur dent sonne sous leur ongle.

Jadis, les celles d’Artémis
Nous laissaient à ce que nous sommes.
Aujourd’hui suffit d’une miss.
Pour débaucher quatre-vingts hommes.