Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/39

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Damoiseau de la cour, dont les mains inutiles
Ne rougirent jamais de sang dans les combats.

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Muguet oint et lissé comme un homme d’estain
Ostez de votre teint ces mouches de satin,
Sinon, maistre Guillaume, équippé de sonnettes,
Avecques la quenouille et le petit fuzeau
Ira les enlever dessus votre muzeau
Comme un esmerillon qui prend des allouettes.


Si l’on songe que ces vers ont été écrits vers l’an 1595, à une époque où l’imitation servile de Ronsard était le premier article du dogme poétique, l’originalité de Sygognes apparaît comme très remarquable ; et de fait, elle parut telle à ses contemporains. Toute une école poétique est née de lui, par une sorte de filiation anonyme et inconsciente, mais dont l’origine est certaine.

Sygognes a créé en France la poésie burlesque sous une forme dont on peut mesurer la valeur à la durée, puisqu’elle est immuable depuis trois cents ans. Il a été d’abord, — bien plus que Mathurin Régnier — le maître ou plutôt le modèle des poètes satiriques ; l’œuvre, collective de ces poètes est, on le sait, de tous les volumes de vers publiés entre Ronsard et La Fontaine, Celui qui a trouvé le plus de lecteurs, surtout parmi les écrivains, — et qui a eu (n’en doutez pas) le plus d’influence réelle sur la technique de la poésie. — Au second degré de la filiation, nous trouvons