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LA FEMME DANS LA POÉSIE ARABE


Si l’on demandait à un lecteur occidental comment il se représente l’héroïne d’un poème arabe où il est parlé d’amour, j’imagine que le lecteur serait d’abord surpris de s’entendre interroger sur le cours élémentaire de ses connaissances générales ; qu’ensuite, et pressé de répondre, il décrirait sommairement la silhouette d’une jeune femme âgée de vingt-cinq ans, vêtue de huit robes impénétrables, recluse dans un harem aussi fortifié qu’une prison et traitée comme une esclave.

Or ce portrait serait justement à l’opposé de l’exactitude, et presque le plus faux que l’on pût offrir : en premier lieu, parce qu’à vingt-cinq ans une femme arabe est plusieurs fois grand’mère, et ne saurait plus (du moins physiquement) inspirer les poètes lyriques… Arrêtons-nous dès le début sur cette question d’âge où nous trouverons la clef de toute poésie orientale.